LE PLAN DE FINANCEMENT D'URGENCE D'UNE INSTITUTION DE MICROFINANCE
Le plan de financement d’urgence d’une IMF
Les institutions de microfinance doivent se doter d’un plan de financement d’urgence pour avoir la certitude de maintenir en permanence la continuité de leur activité dans de bonnes conditions.
Plusieurs solutions peuvent exister en interne sans dégrader la qualité du service client (réduction de dépenses, recouvrement des créances en retard, ajustement des délais fournisseurs).
En externe les institutions de microfinance doivent anticiper auprès des banques ou des organises de garantie des créances (crédit de trésorerie, ligne de financement, ou mobilisation de créances).
Les institutions de microfinance peuvent connaitre une crise de trésorerie.
Une crise de trésorerie dans une institution de microfinance (IMF) correspond à une situation où l’organisation ne dispose pas de liquidités suffisantes pour faire face à ses obligations financières à court terme — par exemple, le décaissement de nouveaux prêts à la clientèle, le remboursement des déposants, le paiement des salaires, ou encore le paiement des charges d’exploitation.
La crise de trésorerie existe dès qu’il y a un déséquilibre entre les encaissements et les décaissements,
Ce déséquilibre est souvent temporaire, mais qui peut mettre en danger la viabilité de l’institution si des solutions ne sont pas trouvées immédiatement.
La crise de trésorerie peut aussi être provoquée par une rumeur laquelle aura pour conséquence que l’ensemble des déposants voudra immédiatement retirer ses dépôts.
Les conséquences très graves possibles des crises de trésorerie
- Perte de confiance des clients
- Hausse du risque de retrait massif de dépôts (dans les IMF collectant l’épargne).
- Réduction de l’activité de crédit.
- Risque d’intervention de la banque centrale avec surveillance rapprochée ou mise sous administration provisoire (AP)
Les principales causes des crises de trésorerie dans les établissements de microfinance
- Les crédits ont été financés par des dépôts à vue
- Prévisions de trésorerie absentes ou erronées.
- Mauvais suivi des flux de liquidités
- L’IMF octroie trop de crédits sans disposer de ressources suffisantes
- Retards ou baisses du taux de remboursements des clients
- Taux de remboursement en baisse (hausse du portefeuille à risque, PAR > 30 jours).
- Chocs économiques ou crises locales affectant la capacité de remboursement des emprunteurs.
- Trop forte concentration du portefeuille de crédits sur un secteur en crise
- Mauvaise gestion financière de l’IMF
- Croissance trop rapide du portefeuille de prêts
- .Retards dans la facturation ou la collecte de revenus.
- Retard de déblocage des financements externes
- Subventions, dons, ou lignes de crédit attendues mais non encore débloquées.
Pourquoi établir le PLAN DE FINANCEMENT D’URGENCE ?
Le plan de financement d’urgence est une anticipation qui permet de se préparer à une situation de crise de liquidité.
Pour un établissement de microfinance, attendre la crise de trésorerie pour contacter son banquier, c’est comme attendre l’incendie pour acheter un extincteur : il faut être transparent avec la banque, organiser des points périodiques de rencontre et négocier une autorisation : la banque accompagne ceux qu’elle connait bien.
Le plan de financement d’urgence a pour objet de garantir qu’en cas de crise, l’institution saura identifier les ressources possibles mobilisables à court et moyen terme pour contenir la crise.
Diagnostic de la situation financière
Une analyse de la structure financière actuelle montre un équilibre prudent entre fonds propres et emprunts externes. Cependant, les risques liés à la baisse des dépôts et aux retards de remboursement nécessitent une préparation proactive.
Les scénarios de crise envisagés incluent :
- Crise de liquidité (retrait massif des dépôts ou baisse des remboursements)
- Crise de solvabilité (augmentation du portefeuille à risque)
- Crise opérationnelle (panne des systèmes, indisponibilité du personnel, etc.)
Le plan de financement d’urgence doit prévoir d’agir sur les 8 leviers suivants :
- Établir un plan de trésorerie rigoureux (prévisions hebdomadaires ou mensuelles).
- Se mobiliser pour la collecte de dépôts à terme et de ressources stables
- Vendre certaines créances de qualité à des fonds de garantie (partage du risque)
- Améliorer le recouvrement des crédits et réduire le portefeuille à risque.
- Négocier des lignes de crédit à court terme avec les banques partenaires.
- Réduire temporairement les dépenses non essentielles.
- Ralentir le rythme d’octroi de nouveaux prêts.
- Rechercher de nouvelles sources de financement alternatives (épargne, bailleurs, partenariats).
Besoins de financement d’urgence
Les besoins identifiés sont répartis selon l’horizon temporel :
| Type de besoin | Description | Estimation (FCFA) | Horizon |
| Trésorerie immédiate | Paiement salaires, loyers, charges urgentes | 25 000 000 | 1 mois |
| Renforcement du capital | Maintien des ratios prudentiels | 50 000 000 | 3-6 mois |
| Fonds de relance | Relance des crédits post-crise | 75 000 000 | 6-12 mois |
Sources potentielles de financement
Sources internes :
- Mobilisation des réserves de liquidité disponibles
- Réduction temporaire des dépenses non essentielles
- Cession d’actifs non productifs
- Suspension des dividendes
Sources externes :
- Négociation avec bailleurs et partenaires (lignes de crédit d’urgence, moratoires)
- Appui potentiel de la Banque Centrale ou du Ministère des Finances
- Partenariats avec ONG, fonds d’investissement à impact et institutions de développement
- Financement participatif communautaire via plateformes locales
Mécanisme de suivi et gouvernance
Un comité de crise composé du Directeur Général, du Directeur Financier, du Responsable des Risques et de l’Audit interne est mis en place pour assurer le suivi du plan.
Des tableaux de bord hebdomadaires présenteront les indicateurs clés : trésorerie disponible, encours à risque, niveau de dépôts, et évolution du portefeuille.
Plan de sortie de crise
Le plan de sortie vise à relancer les activités normales de crédit, restaurer la confiance des clients et partenaires, et reconstituer progressivement les réserves financières.
A PROPOS DE L’ECOLE DE LA MICROFINANCE
Pourquoi la banque est-elle le métier du risque ?
Le Directeur des risques d’une banque ou le Risk manager, sont en charge de la mise en place et du pilotage du dispositif global de gestion des risques de la banque.
L’école de la microfinance dispense une formation destinée aux responsables risques des banques et des établissements de microfinance.
Lien vers la présentation du cours de gestion des risques en banque
1 Le responsable des risques est chargé d’établir la cartographie des risques de la banque
1 On désigne par RISQUE le fait d’être exposé à une perte probable
Le métier de banquier expose naturellement aux risques. Faire un prêt est très facile mais comment s’assurer qu’il sera bien remboursé par l’emprunteur ?
La banque est aussi exposée à de multiples risques à tous les niveaux de la rédaction des contrats, à la prise de garanties ou encore les risques opérationnels.
Le risque est l’élément fondamental de la banque ou de la microfinance.
2 La cartographie des risques
Le responsable des risques de l’établissement est chargé de faire une cartographie des risques et de chiffrer chacun des multiples risques.
Il recense l’intégralité des risques liés aux activités de la banque et ensuite il les hiérarchise.
3 Il est impossible de gérer le risque si on ne peut l’évaluer, le mesurer.
Le responsable des risques a pour mission de chiffrer les risques. Il commence par déterminer le coût probable du défaut représenté par un crédit non remboursé, du non-respect de la réglementation (compliance), du blanchiment d’argent sale….
Ensuite il recherche la probabilité que ce risque se réalise.
2 Savoir mesurer les risques à partir de leur impact maximum et de leur probabilité
La mesure du risque consiste alors à multiplier le coût maximal du risque par sa probabilité.
Pour mesurer le risque, la banque se réfère à ses historiques, et aux informations qu’elle possède sur les autres profils de risques similaires.
Dans une banque, la connaissance du risque par l’expérience permet de mieux la modéliser, d’établir des cotations risques. Il en va ainsi pour tous les risques auxquels une banque est exposée :
1 Le risque opérationnel.
2 Le risque de crédit.
3 Les risques de liquidité /illiquidité.
4 Le risque de non-conformité
5 Les risques opérationnels
3 Apprendre à se protéger des risques
1 La méthode de mesure du risque.
La mesure des risques dans une banque est délicate. C’est l’objet de la formation proposée par l’école de la microfinance de former des professionnels maitrisant les métiers de la banque mais aussi aptes à utiliser les statistiques, ainsi que l’évaluation des probabilités en rapport avec la prévention et les contrôles d’audit.
2 La gestion du risque
La gestion du risque consiste à tout faire pour réduire son exposition aux risques.
La gestion du risque, ou la prise de risques calculés, réduit la probabilité de réaliser des pertes et minimise le degré de la perte au cas où celle-ci arrivait.
Les établissements bancaires n’ont pas tous la même appétence pour le risque. Certains sont extrêmement prudents, d’autres acceptent – généralement moyennant des taux d’intérêts plus élevés – de prendre plus de risque.
Le rôle du Risk manager est d’analyser l’impact financier du risque et de faire une estimation des flux futurs de remboursement.
Dans tous les cas, dans une banque, le risque que l’on a préalablement mesuré a été décidé. Le risque est pris en connaissance de cause : soit on se couvre en totalité, soit on est partiellement couvert, soit la banque accepte de n’avoir aucune couverture.
La gestion des risques consiste à :
• Mettre en œuvre un dispositif de pilotage et de suivi des risques recensés
• Analyser périodiquement tous les risques et valider les procédures d’analyse, de mesure et de suivi des risques
3 L’analyse risques / bénéfices.
L’analyse RISQUES / BENEFICES fait partie des outils dont la banque doit disposer. C’est la base des argumentations face à un choix de la banque.
La formation des agents de crédit dans les établissements de microfinance est organisée autour de 18 modules regroupés en 5 blocs de compétences
En relation avec le client, l’agent crédit s’entretient avec lui, lui explique le crédit, ses caractéristiques et modalités de fonctionnement ainsi que les documents requis pour constituer le dossier.
Il est centré sur client et lui offre un service personnalisé remplissant les standards de qualité.
La formation des agents de crédit peut se faire en présentiel (2 semaines de formation suivie d’un examen) ou via le e-learning
Lien vers la fiche de présentation de la formation des agents de crédit
Bloc de compétence n° 1 : Connaitre le domaine de la microfinance
Module n° 1 Les aspects sociaux de la microfinance
1 La finance inclusive
2 Les établissements de microfinance et de mésofinance ne sont pas des banques low-cost mais des établissements de proximité apportant des services spécifiques.
3 L’épargne et l’éducation financière
Module n° 2 L’agent de crédit : Le métier d’agent de crédit
1 Recevoir le client, ouvrir le compte, proposer un crédit à court terme.
2 L’agent de crédit gère un portefeuille de crédits
Module n°3 L’éducation financière pour les emprunteurs
1Que doit-on expliquer par priorité aux emprunteurs ?
2 Le fonctionnement du compte courant
3 L’éducation financière est nécessaire pour devenir entrepreneur
Module n° 4 La finance inclusive
1 La finance inclusive a pour objet de donner l’accès au crédit et à l’épargne à la plus large partie de la population et à des prix abordables.
2 La finance inclusive inclue l’offre traditionnelle et les nouvelles technologies peu couteuses.
3 La finance inclusive se pratique sur 3 axes : rendement – risque et impact.
Bloc de compétence n° 2 : Le développement de son portefeuille
Module n° 5 Situation de conseil vente placement
1 Les produits de dépôts
2 Les catégories de crédit
3 Les services en microfinance
Module n° 6 Mieux vendre
1 Développer la relation commerciale
2 Un accueil de qualité
3 Les motifs du départ de nos clients particuliers et professionnels
Module n° 7 Les techniques de ventes
1 L’agence est visible
2 Les techniques de vente du commercial dans une microfinance
3 La connaissance des clients, la fidélisation.
Module n° 8 Développer la clientèle
22 Prospecter avec les techniques de marketing direct
23 Élargir la base des clients et des prospects
24 Bien écouter nos clients
Module n° 9 La concurrence
1 Les établissements financiers sont en concurrence
2 Un Ets de microfinance se distingue par ses pratiques commerciales
3 La concurrence oblige à réagir
Bloc de compétence n° 3 : La connaissance de la clientèle
Module n° 10 Les crédits aux salariés
1 Chaque crédit représente un risque tant pour ‘emprunteur que pour la microfinance
2 L’analyse de la demande de prêt du salarié
3 Le travail d’analyse de l’agent de crédit
Module n° 11 La première rencontre avec le chef d’entreprise
1 Pour le client il s’agit de convaincre le micro financier et de négocier son prêt professionnel
2 La découverte du besoin de financement
3 La découverte du Chef d’Entreprise
Module n° 12 Le rôle des garanties en microfinance
1 Le rôle des garanties, les grands types de garantie
2 Les garanties personnelles, la caution
3 Les garanties réelles, hypothèques, titres fonciers, gages et nantissement
Bloc de compétence n° 4 : L’étude du risque en microfinance
Module n° 13 L’analyse du dossier crédit entreprise individuelle en agence
1 L’analyse d’une demande de prêt pour un micro-entrepreneur ou un groupe solidaire de clients
2 L’analyse d’une demande de prêt pour une très petite entreprise (TPE)
3 Savoir argumenter un dossier crédit
Module n° 14 Le diagnostic de l’entreprise
1 Le diagnostic commercial
2 Forces et faiblesses, opportunités et menaces
3 L’analyse des échecs des entreprises
Module n° 15 La mesofinance
1 Situer la mésofinance
2 Étudier le risque d’une entreprise
3 Appuyer l’analyse du dossier crédit par la reconstitution d’informations comptables
Module n° 16 Les impayés et le recouvrement
1 Le traitement des impayés par l’agent de crédit
2 Les procédures amiables, solutions simples et courtoises
3 Les procédures contentieuses
Bloc de compétence n° 5 : L’organisation de la profession
Module n° 17 L’organisation d’une agence de microfinance
1 La structure de l’agence
2 Le fonctionnement de l’agence
3 Le guichet
Module n° 18 La réglementation de la microfinance
1 Un agrément préalable est nécessaire,
2 Les opérations et moyens de paiement autorisés par catégories d’établissements
3 L’organisation de la profession, les contrôles par les banques centrales.
L'école de la microfinance