Pourquoi des taux d’intérêts si élevés en microfinance ?

Les différences entre les banques et les établissements de microfinance.
Les banques financent l’économie
Les banques privilégient le financement des activités existantes en octroyant des prêts à moyen/long terme mais aussi en finançant la trésorerie (par exemple avec l’affacturage : la banque « achète » les factures et se charge de les recouvrer ou avec le financent du stock, les crédits greniers, ou encore avec l’acceptation d’un découvert.)
Les banques font aussi des crédits immobiliers, des crédits à la consommation, des avances de trésorerie et des crédits sociaux …
Les établissements de microfinance ont pour finalité de faire des prêts mais aussi de faire de l’accompagnement.
Les clients des établissements de microfinance sont des auto-entrepreneuriat, des TPE mais aussi des femmes du marché, des emprunteurs ruraux ou encore des artisans qui ont besoin de financer des équipements.
Les établissements de microfinance se distinguent des banques spécifiquement du fait :
- de la clientèle, provenant de couches vulnérables, qui recherche le financement d’une activité génératrice de revenus.
- des montants des prêts très peu élevés .
- de la faible durée des prêts quasiment toujours inférieurs à 12 mois.
- de l’absence de véritables garanties, les garanties étant remplacées par la pression sociale et parfois par des prêts collectifs à un groupe solidaire ou chaque emprunteur garantie l’ensemble du prêt.
- par une excellente connaissance de l’emprunteur par l’établissement prêteur qui enquête sur la moralité et les conditions de vie de ses clients.
- par des taux d’intérêts des prêts très élevés.
Pourquoi les taux d’intérêts sont-ils si élevés en microfinance ?
Retrouvez la formation sur les fondamentaux de la microfinance en cliquant sur le lien ci-après :
Le taux d’intérêt nécessaire à l’autosuffisance financière d’une IMF doit couvrir l’ensemble des charges de fonctionnement (salaires du personnel, loyer de l’agence, couts informatiques, amortissements… ainsi que le coût des formations dispensées) et le coût des pertes sur créances douteuses (cout du risque).
Les coûts de fonctionnement des IMF sont souvent largement supérieurs à ceux des banques du fait du suivi personnalisé de leur clientèle, des remboursements des échéances en espèces ou encore de la nécessité de se déplacer pour visiter les clients dans les zones rurales.
Ils comprennent des charges que les banques classiques ignorent comme les frais de formation et le coût des actions d’accompagnement des emprunteurs, mais aussi les charges liées aux remboursements en espèces à périodicité généralement hebdomadaire.
Outre ces éléments, le niveau élevé de taux d’intérêt pratiqués par les IMF résulte aussi :
- Du coût des ressources pour l’IMF pour constituer le fonds de crédit.
- Du faible rapport des intérêts lesquels même à un taux élevé rapportent peu s’ils portent sur un micro capital, contrairement aux prêts des banques quand le capital emprunté est élevé.
- Des coûts de mises en place du prêt qui nécessitent autant de temps d’analyse du dossier et de procédures pour un micro crédit que pour les grosses transactions
- D’un cout du risque très élevé en particulier lors du premier financement par un micro crédit d’une activité génératrice de revenus.
- De transactions dans des monnaies faibles : il ne faut pas comparer des taux de pays à la monnaie faible avec les meilleurs taux pratiqués dans des pays à la monnaie forte.
Les taux d’intérêts sont donc élevés, ils n’en demeurent pas moins inférieurs au taux de l’usure
Les bénéficiaires des prêts ne se plaignent jamais des taux élevés et préfèrent recevoir des formations et conseils plutôt que de payer un peu moins d’intérêts.
On peut rencontrer des variantes, en particulier dans des IMF dépendant de grandes organisations de solidarité internationale.
Ces organisations caritatives soutiennent que les pauvres ne peuvent supporter des taux intérêts au prix du marché et affichent donc des taux d’intérêts faibles, comparables au taux des pays occidentaux.
Par contre, elles ajoutent de fort couteux frais de gestion, frais de dossiers, annexes ou forfaits… Bien entendu ces frais complémentaires n’apparaissent jamais dans les brochures distribuées aux donateurs.
Comment fixer le taux d’intérêt
La recherche de l’autonomie financière de l’IMF implique que le taux des prêts couvre la totalité des charges opérationnelles et le coût du risque. Si l’IMF ne peut obtenir un taux d’intérêt suffisant, il lui faudra prélever sur le fonds de crédit, lequel petit à petit aura vocation à disparaitre.
La viabilité financière de l’IMF dépend de taux d’intérêt suffisamment élevés.
Bien que tous ces chiffres soient variables selon l’IMF, le pays, le montant du crédit, ou la monnaie, on peut faire un exemple théorique (exprimé en taux annuels) :
Charges opérationnelles de salaires, loyers, consommables | 18% |
Cout de la formation des emprunteurs | 4% |
Cout de la ressource emprunté par l’IMF | 5% |
Inflation, perte de valeur par rapport à la monnaie d’emprunt de la ressource | 5% |
Coût du risque de non remboursement des prêts | 7% |
Pour ce cas théorique, Taux effectif minimum annuel à appliquer serait de | 39% |
Chaque IMF doit procéder à son propre calcul en fonction de ses propres paramètres, pour déterminer le taux minimum correspondant à son mode de fonctionnement.
S’y ajoute en général, sauf en cas de gestion optimale de la part de l’IMF, un coût de la sous-activité du capital c’est-à-dire l’absence de rendement quand les montants ne sont pas prêtés entre les remboursements des uns et la mise en place des prêts nouveaux. Cela peut représenter un taux très élevé en particulier pour des ONG ne disposant pas d’outils de gestion rigoureux.
A l’inverse, certaines IMF bénéficient de la quasi-gratuité de la ressource quand elles sont autorisées à collecter et à recycler l’épargne laquelle est rarement (ou faiblement) rémunérée.
De même les IMF qui reçoivent des subventions ou bénéficient de lignes de crédit subventionnées ou/et de dons de l’aide internationale n’ont pas à emprunter d’où un avantage très important. Il faut toutefois être vigilant car on sait que les subventions n’ont pas vocation à être permanentes, et le jour où elles ne sont plus versées, le risque est grand que l’IMF disparaisse.
On peut donc affirmer que ce sont les programmes qui s’autofinancent, donc qui pratiquent la facturation d’intérêts à taux suffisamment élevés, qui sont les plus performants et les plus efficaces.
Formation aux fondamentaux de la microfinance
LA MESO-FINANCE AU CŒUR DE LA DYNAMIQUE DE DÉVELOPPEMENT
LA MESO-FINANCE EST UN OUTIL ESSENTIEL POUR LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE.
De nombreux établissements de microfinance souhaitent évoluer vers le financement des TPE/PME du secteur informel.
Étudier un dossier crédit en meso-finance est différent de ce qui se fait en microfinance. L’étude du risque et des garanties est très différente de la pratique en microfinance. Ce n’est pas le même métier que la microfinance. Une formation des analystes risques et superviseurs de crédit est nécessaire .
Retrouvez notre fiche de formation sur la banque et la mesofinance en suivant le lien ci-après :
La mesofinance pour le développement
Le financement des entreprises
Les entreprises du secteur formel trouvent leurs financements auprès des banques.
Les micro-entreprises du secteur informel peuvent obtenir des micro-prêts auprès d’une microfinance.
La meso-finance, quant à elle, finance les besoins des micro entrepreneurs non bancables car encore peu ou prou dans le secteur informel.
Pour ces TPE/PME le problème est le suivant : Elles constituent la base des tissus économiques locaux en Afrique, en Haïti ou à Madagascar et présentent par leur dynamisme et leur flexibilité un véritable potentiel de croissance. Mais elles ne peuvent trouver de financement pour se développer car elles ne disposent d’aucune garantie et ne tiennent pas une comptabilité rigoureuse. Les TPE/PME n’obtiennent pas de financement car elles sont considérées comme trop risquées par les établissements financiers.
Construire une offre adaptée pour les TPE/PME
Un établissement de microfinance peut se spécialiser dans le développement d’une activité durable de financement aux TPE/PME
Pour cela il lui faut parfaitement maitriser l’économie locale afin de repérer les entreprises à potentiel et établir avec elles une relation fondée sur la confiance.
Les petites entreprises qui bien souvent ne tiennent qu’un cahier de recette sont incapables de présenter un budget ou les tableaux habituels pour obtenir un crédit que sont le bilan prévisionnel, le compte de résultat prévisionnel ou encore le prévisionnel de trésorerie.
Les institutions de microfinance se retrouvent donc dans l’obligation de renforcer leurs compétences « risques » afin de disposer des compétences clés indispensables pour l’analyse des dossiers des TPE/PME.
Qui sont ces TPE/PME ?
Ce sont toutes les petites entreprises de proximité.
La quasi-totalité des petites entreprises à l’origine conçues pour satisfaire les besoins sociaux basiques : alimentation, logement, santé, éducation des enfants, gargote, pressing, taxi, garage…
La présence de multiples petites exploitations spécialisées dans différentes branches d’activités constitue une spécificité de l’économie africaine. La particularité de ces entreprises est d’être constituées sous la forme d’une organisation familiale généralement placée sous la direction du chef de famille, qui est souvent aussi le principal apporteur du capital.
Les petites entreprises sont dans l’incapacité d’obtenir des financements pour se développer car elles sont incapables de satisfaire aux exigences des banques ou des microfinances : demandes de crédits non recevables du fait de l’absence de comptabilité, garanties insuffisantes ou absence de statut juridique légal.
Souvent les TPE changent ou modifient leurs activités, cette diversification d’activités ayant pour objet de se prémunir contre le risque de défaillance de leur entreprise et s’assurer un revenu régulier dont la perte peut entrainer la baisse du niveau de vie de la famille.
La meso-finance est engagée auprès des TPE/PME
La meso-finance finance les entreprises, particulièrement les TPE/PME , et les accompagnent pour leurs besoins de trésorerie comme pour leurs projets de développement ou leurs besoins d’équipement.
Les établissements de meso-finance accompagnent les chefs d’entreprises pour leurs besoins de crédits comme pour la mise en place de service adaptés à leurs activités (encaissements, paiements, avances sur factures…).
Des actions d’appui aux entreprises : l’accès à la formation et aux conseils
Le financement d’une entreprise sans une gestion rigoureuse et sans tenue d’une comptabilité n’est pas possible. Aussi la meso-finance subordonne le renforcement des capacités des entreprises à l’accès au crédit.
L’amélioration de l’organisation et de la gestion des TPE/PME permet d’obtenir la confiance des financeurs. Il est donc essentiel pour ces entreprises de montrer leur capacité à assurer leur pérennité via :
– la mise en place d’une véritable comptabilité,
– un suivi du marché,
– des justifications objectives des décisions d’investissement (enquêtes, études),
– le recours à des conseils.
Les TPE/PME doivent être accompagnés par l’établissement financier sur le chemin de la professionnalisation et de la formation, aussi l’établissement de microfinance construit avec les TPE/PME un dialogue régulier et transparent entre l’agent de crédit et les responsables de l’entreprise.
Pour diminuer le risque, les établissements de meso-finance sont ainsi dans la nécessité de former leurs clients entrepreneurs évoluant dans le secteur informel qui dispose d’une expertise managériale ou de gestion interne faible.
L’établissement financier peut soit former directement les chefs d’entreprises, ce qui est la meilleure solution car cela permet de mieux les connaitre, soit payer les formations dans des établissements sous-traitant en faveur des PME clientes et futures clientes de l’établissement financier.
Reconstituer par l’observation et déduction la comptabilité des TPE/PME par l’observation
Il n’est pas envisageable de faire un prêt sans connaitre les chiffre de l’activité et ces chiffres sont donnés par la comptabilité de l’entreprise.
Donc à priori en l’absence de comptabilité tout prêt est impossible.
La méso-finance implique de faire évoluer les méthodes et procédures des établissements financiers afin qu’ils puissent répondre aux demandes des petites entreprises.
Il va falloir évaluer le plus professionnellement possible les chiffres comptables.
Afin de ne pas entraver le développement des PME/TPE, il est nécessaire, de développer une méthode dynamique de l’évaluation financière.
LE BILAN
Par définition, le bilan est une photographie de ce que possède et de que doit une entreprise à une date donnée.
Un inventaire de tout ce qu’elle possède et de tout ce qu’elle doit permet de reconstituer le bilan.
Les PME/TPE ont les plus grandes difficultés à réunir des garanties de qualité, elles ne savent pas se projeter sur le moyen-long terme et sont incapables de fournir des chiffres prévisionnels (business plan) conformes aux attentes des établissements financiers.
LE COMPTE DE RÉSULTAT
Pour ce qui concerne le compte de résultat c’est beaucoup plus complexe.
Pour estimer le résultat, il faut utiliser des techniques comparables à celles qu’utilise l’administration fiscale dans le cadre des « comptabilités super simplifiées » .
Le principe est le suivant :
La clé de voute de la comptabilité super-simplifiée est la détermination du chiffre d’affaire quotidien, mensuel et annuel par extrapolation.
Certaines charges peuvent être connues précisément comme le loyer de l’établissement ou certaines facturations (eau, électricité…) ou le montant des « salaires » versés chaque mois aux salariés souvent membres de la famille de l’entrepreneur.
Les charges qui ne sont pas connues, les achats par exemple, sont estimés par rapport à des professionnels de la même activité qui tiennent une comptabilité.
Ces charges d’achats sont exprimés sous la forme d’un pourcentage par rapport au chiffre d’affaires annuel.
Il suffit alors d’appliquer ce pourcentage au chiffre d’affaires de l’entreprise concernée pour avoir une estimation de la valeur des achats.
Il devient alors possible de « monter » un compte de résultat.
Compte de résultat d’une entreprise en mesofinance docx

L’école de la microfinance a obtenu la certification qualité Qualiopi pour la qualité de ses prestations.